Ce soir, je vais te faire une confidence : Liam a 6 ans et demi, il vient de faire sa rentrée en CE1 et ne sait « toujours » pas faire de vélo sans les petites roues.
Tu dois sans doute te dire : « Et alors ? Ce n’est pas bien grave, chaque enfant a son propre rythme ! » et tu as bien raison car je le répète aussi avec conviction à mes ami.e.s qui s’inquiètent de l’évolution de leur enfant, me disant même parfois au passage que j’ai de la chance de ne pas avoir de "problème" avec Liam.
Pour chaque enfant, chaque parent, les difficultés ne sont pas les mêmes et n’arrivent pas au même moment, mais on en a tous.
J’avais déjà eu bien du mal à prendre du recul lors de sa première année d’école entre la propreté, le langage, la gestion de la colère, le fait qu’il semble avoir du mal à se faire des copains… Et pourtant, aujourd’hui ça me semble loin et j’aimerais retourner dans le passé et me dire : « Ne t’angoisse pas autant, fais lui confiance, je te promets que ça va aller et qu’en plus ça va bien se passer ! ». Peut-être que la parentalité, c’est passer constamment d’une angoisse à une autre.
Liam n’a jamais vraiment apprécié le vélo, malgré l’achat d’une draisienne dès son premier anniversaire, censé lui faciliter l’apprentissage du vélo sans avoir à passer par la case roulettes. Il est depuis ses 5 ans trop grand pour avoir un vélo équipé de petites roues, on a donc dû en acheter à part et les monter sur son vélo « de grand ».
Du haut de ses 6 ans et demi (et de ses 1m30), Liam n'a pas l'air plus inquiet que ça de ne pas savoir faire du vélo sans roulettes, alors même que tous ses amis lui ont dit ou montré qu'ils savaient en faire sans.
A croire que je m'inquiète à sa place et je m’en veux pour cette foutue histoire de vélo à 4 roues… Je le vois bien quand on sort en promenade, le regard d’enfants (et d’adultes !) qui semblent se dire qu’il est bien trop grand pour avoir des roulettes. Ou alors peut-être qu’ils regardent sans juger mais moi je n’arrive pas à m’enlever cette idée de la tête, surtout lorsque l’on reste devant chez nous, un lotissement ressemblant étrangement à un remake premier prix de Desperate Housewives.
« Mais ce n’est pas normal d’avoir encore des roulettes en CE1 ! Tous tes copains savent faire du vélo ! Tu veux être le seul enfant de la Terre à ne pas savoir en faire ?! Tes copains vont se moquer de toi ! » Des phrases qu’il m’arrive de penser, que je me retiens de lui dire voire qui sont déjà sorties de ma bouche, même devant lui.
Sympa la mère hein ?
Alors aujourd’hui j’ai laissé la main à Papa, qui a trouvé cette super astuce de prendre un vieux manche à balai pour guider et retenir le vélo en cas de (risque de) chute. On n’a fait qu’un tour de lotissement, Liam n’avait pas envie d’en faire plus et on n’a pas insisté.
Soyons clairs, on est encore loin de pouvoir dire qu’il sait faire du vélo, mais je suis fière de lui, car en même temps qu’il apprend à son rythme et en fonction de son envie, il me fait à nouveau me remettre en question sur ma façon d’appréhender le regard des autres et la parentalité.
On attend beaucoup de nos enfants mais on n’a pas toujours la patience d’attendre que ce soit le bon moment pour eux. Et puis surtout, je crois bien que dans le fond, c’est la société qui nous met à nous, pauvres éternels apprentis parents, une pression monstre sous prétexte de vouloir le meilleur pour eux.
Et on a toujours besoin de soutien que ce soit de la famille, d’amis ou même d’inconnus sur le net qui vivent la même chose que nous… Bref, on a nous aussi besoin de petites roues !
